Le mardi 22 juillet 2025, Madame Oumou SALL SECK, Ministre de l’Entrepreneuriat national, de l’Emploi et de la Formation professionnelle, a présidé l’ouverture d’un atelier de sensibilisation et de concertation sur la Recommandation 204 de l’Organisation internationale du Travail (OIT), adoptée en 2015. Cette recommandation est consacrée à l’élaboration d’un diagnostic et d’une stratégie intégrée visant à favoriser la transition vers l’économie formelle au Mali.
La cérémonie s’est tenue en présence :
• des membres du cabinet ministériel,
• du Directeur général de l’ONEF,
• de la spécialiste de l’économie informelle pour l’Afrique francophone,
• et de la Directrice pays de l’OIT à Abidjan, intervenue en visioconférence.
• Des interventions fortes sur les enjeux de la formalisation
À l’ouverture des travaux, le représentant des travailleurs a rappelé que la transition du secteur informel constitue à la fois un défi majeur et une opportunité stratégique pour le développement économique et social du Mali.
Le représentant des employeurs a, quant à lui, salué la tenue de cet atelier, qu’il considère comme opportun. Il a souligné que, pour l’OIT, l’économie informelle représente un enjeu de première importance en matière de justice sociale et de travail décent. Selon lui, la formalisation est une voie privilégiée pour :
• améliorer la protection sociale des travailleurs,
• accroître les recettes fiscales de l’État,
• et favoriser une croissance économique plus inclusive.
• L’informalité : un levier à accompagner, selon l’OIT
Dans son intervention, Mme Ndèye Coumba DIOP, Directrice pays de l’OIT, a tenu à rappeler que l’informalité ne doit pas être perçue comme un fléau, mais plutôt comme une réalité économique à accompagner et à orienter.
« Ce n’est pas une condamnation, mais un levier potentiel de création d’emplois, à condition qu’elle soit progressivement intégrée dans l’économie formelle », a-t-elle affirmé.
* Une réalité préoccupante au Mali
Prenant la parole, Madame la Ministre Oumou SALL SECK a exprimé ses remerciements à l’OIT, Bureau d’Abidjan, pour son appui technique et financier dans la réalisation de l’étude diagnostique sur l’économie informelle, ainsi que dans le processus d’élaboration d’une stratégie nationale intégrée de transition vers l’économie formelle.
Elle a ensuite souligné que l’ampleur de l’emploi informel demeure préoccupante, en Afrique comme à l’échelle mondiale. Selon les estimations de l’OIT pour 2025, a-t-elle rappelé, plus de 2 milliards de travailleurs évoluent encore dans des conditions informelles, soit environ 58 % de l’emploi mondial, un taux qui grimpe à 85 % en Afrique.
Au niveau national, le Profil Pays du Travail Décent publié en 2023 par l’ONEF révèle que le taux d’emploi informel au Mali est passé de 98 % en 2013 à 96,6 % en 2022, soit une baisse très faible de 1,4 point en dix ans. En 2024, ce taux demeure élevé, à 95,9 %, ce qui représente :
• 6 685 634 personnes âgées de 15 ans et plus en situation d’emploi informel,
• et 98 % des unités économiques (soit 272 330 entités) toujours actives dans l’informalité.
Ces données, a-t-elle conclu, illustrent l’ancrage profond de l’économie informelle dans notre tissu économique et social, avec des conséquences importantes : perte de recettes fiscales, précarité de l’emploi, exclusion de la protection sociale et frein au développement durable.
• Vers une stratégie nationale partagée
En clôturant son intervention, Madame la Ministre a invité les participants à poser les bases d’un groupe de travail dédié, chargé :
• de conduire le diagnostic sectoriel approfondi,
• de proposer une stratégie intégrée,
• et de bâtir une feuille de route claire, avec des plans d’action à différents niveaux, pour accompagner progressivement la transition vers l’économie formelle au Mali.